rise ☾ althéo

you’re the sun i met in the darkness

c'était devenu un rituel. tu attendais, patiemment, ton corps d'humain secoué par les frissons des températures glaciales, tes lèvres blanchies et un petit nuage de vapeur blanche brouillant ta vision. tu te souviens de chacun de ses mots, de vos discussions, comme si elles étaient ancrées dans ta peau, dans ton adn, marqué au fer blanc dans ta chair. tu le regardes, là-haut, comme tu as l'habitude de le faire, il est chez lui, il est en sécurité, il est loin de toi. althéo s'est fait un nom ici, il est parti depuis longtemps, il est connu sur terre. ha. il est parti, loin de toi. c'est ta faute. est-ce qu'il regrette ? est-ce qu'il t'en veut encore ? toi tu t'en veux, tu ne peux pas t'en empêcher. tu n'aurais pas dû le laisser partir, tu aurais dû le retenir. tu savais qu'il ferait la même chose que terre. qu'il finirait par partir. l'idée l'avait charmée, celle de rejoindre les humains qu'il aimait tant. et qu'est-ce que tu pouvais faire contre ça ? qu'est-ce que tu pouvais faire contre eux ?

tu n'es pas prêt, tu le sais. tu as besoin de te sentir prêt. mais le seras-tu un jour ? comme un signe, l'astre solaire disparaît derrière quelques immeubles, derrière l'horizon. oh. la lune et le soleil ne se croisent que deux fois par jour, vous comprenez ? l'un et l'autre, à chaque bout du ciel, comme pour se saluer, poliment, et s'éviter, tout aussi poliment. tu relèves les yeux, cherchant du regard ton reflet, mais impossible. une nuit sans lune, est-ce vraiment une nuit ? une nuit, sans toi, un jour, sans lui. personne ne semble s'en soucier, si ce n'est toi.

tu ne peux pas aller lui parler, ce serait cruel, tu ne peux pas, et pourtant tes jambes décident du contraire, alors que tu approches de la porte de la petite maison. non. non, non. tu n'es pas prêt, pas prêt du tout. et s'il ouvrait ? et s'il ne te reconnaissait pas ? tu serres ta veste contre toi, tes doigts caressent la surface glacée de la sonnette, et tu appuies. tu as peur, la boule au ventre, tu pourrais t'enfuir, encore, l'ignorer, le blesser. mais finalement, pourras-tu encore le blesser ? pas sûr. tant mieux. tu préférerais qu'il ne sache pas qui tu es. qu'il t'ignore. tu préférerais qu'il dise c'est pourquoi ?, qu'il te prenne pour un fan. tu préférerais qu'il n'ouvre pas. parce que tu as peur, et cette peur rode au fond de toi. tu as peur de lui, peur qu'un sourire ne t'efface de ce monde, peur de te brûler.