long time no see. ft andreas

C’était arrivé il y a un bout de temps déjà, mais wonha n’arrivait pas à se sortir ces événements de la tête. Il restait perturbé, mais il n’en connaissait pas réellement la raison. Ce n’était pas comme s’il avait perdu une personne chère, bien au contraire. Cet enfoiré était enfin mort. Il ne ferait plus jamais chier wonha et c’était ce qui le réconfortait, dans ce braquage qui avait tellement mal tourné.

Et pourtant, la nuit, il revoyait cette marre de sang s’étendre sur le sol. Il entendait les cris, il voyait les larmes, il sentait les frissons lui parcourir le corps. Puis il se figeait. Il restait glacé, sous ses couettes épaisses et il regardait le plafond. Ce grand vide que ce fils de Satan avait rejoint. Vraiment, il n’était pas triste. Il n’avait pas souhaité sa mort, mais il l’avait mérité. Jamais dans sa vie il n’avait fait une bonne action ou sinon, il ne l’avait jamais montré. Pour une fois, ce sont les enfoirés qui partent les premiers.

Et à cause de ces mauvaises nuits à rester éveillés, wonha n’arrivait tout simplement pas à se créer du temps libre pour passer dans sa boutique, pour vendre ses informations, pour se faire de l’argent et ce, plus que son médiocre salaire d’infirmier. Du coup, il rentrait plus tôt. Et il se perdait dans ses pensées. Et toujours, comme un cercle vicieux, ça revenait à ce foutu braquage. Peut-être qu’il devrait aller voir l’un de ses collègues psy ? quelle ironie. Se retrouver avec un traumatisme en travaillant dans l’aile psychiatrique. Ses idées tournaient encore dans sa tête quand un bruit à sa porte l’en fit sortir, lui fit relever la tête, lui fit froncer les sourcils. Qui pouvait lui rendre visite ?

Malgré sa curiosité, il ne se pressa pas pour aller ouvrir. Il prit le temps d’enfiler ses pantoufles, de passer une main dans ses cheveux – il avait un visage pâle et des cernes tellement marquées, il fallait qu’il s’arrange un minimum – avant de finalement ouvrir la porte. Pour tomber nez à nez avec andreas. Il ne retint pas sa surprise de voir le plus jeune à son pallier mais ouvrit un peu plus la porte pour lui montrer qu’il était le bienvenu s’il le souhaitait.

« ça faisait longtemps. qu’est-ce-qui t’amènes ? »

“j’sais pas. j’sais pas…”

lui aussi, il ne savait pas pour le coup. il avait ouvert la porte sans s’attendre à trouver quelqu’un sur son palier, il s’était dit que ça devait être des gamins qui s’amusaient. mais non, c’était andreas. il voyait bien que quelque chose n’allait pas cependant, il n’avait pas fait des études de psychologie pour tout oublier en quelques années. malgré ça, il ne s’était pas attendu à avoir andreas accroché à lui.

il faut dire qu’au début, il ne l’avait même pas remarqué. il était resté con, clairement. la bouche entrouverte, les yeux ronds fixant le vide, les bras ballants de chaque côté de son torse. puis ça avait finit par lui monter au cerveau. mais même là, il ne savait pas quoi faire. ça lui avait pris quelques minutes avant qu’il ne réagisse. avec hésitation, il passa ses bras autour du plus jeune, pour le réconforter. il ne dit rien pour le moment, car il n’y avait rien à dire vraiment. mais bon, ce n’est pas non plus son genre de rester sur son palier avec quelqu’un dans ses bras. alors sans le lâcher, il recula de quelques pas, puis ferma la porte derrière eux. plus intime comme ça.

il laissa quelques minutes de silence s’écouler, toujours ses bras autour d’andreas, sa main lui caressant le dos pour le réconforter un minimum.

“tu peux rester autant que t’veux, t’inquiètes pas. parles quand t’en auras envie.”

au fond, il sait bien qu’andreas doit être plus perturbé que lui par l’accident. wonha a vu quelqu’un qu’il détestait se faire tuer et ça arrivait à le toucher. il ne pouvait pas imaginer comment andreas devait se sentir à cet instant. il se demandait même s’il arrivait à dormir la nuit ou si lui aussi, il restait éveillé, à fixer le plafond, les lumières de la ville, son téléphone. pour l’instant il sait juste qu’andreas doit être aussi mal que lui, si ce n’est plus.