Artémis (+) Amor doloroso pero te quiero

"Pardon."
C'était juste ça. Juste une excuse. Encore une excuse. Tu connais la scène par-coeur. Le voilà qu'il enroule ses bras autour de ton corps. Un corps frêle, meurtri, blessé, martyrisé. Un corps marqué par ses coups qu'il t'as porté précédemment. Il a encore levé la main sur toi. C'est une habitude. Toi, tu pleures. Presque instantanément, des larmes salées jaillissent et dévalent de tes joues. Tu pleures, tu te sens faible, tu te sens con, t'es qu'un amoureux transi. Parce que tu sais que tu vas encore lui pardonner. Tu peux pas lui en vouloir, tu l'aimes, tu l'aimes beaucoup trop.

Eden. Si on t'avait annoncé quelques années plutôt que tu allais te retrouver marié au pdg d'une grosse boîte, tu te serais sûrement fendu la poire comme pas possible. Franchement, pourquoi un pdg estimé s'intéresserait à un minable petit serveur de macdo tel que toi ? Et pourtant. Et pourtant c'est ce qui t'es bel et bien arrivé. Il a débarqué dans le macdo où tu travailles. Costume noir bien taillé, pantalon qui moule bien son cul (oui t'as regardé son cul putain, tu t'en souviens trop bien de son petit boule bien ferme que t'as...oui enfin bon on se calme.), chaussures noires brillantes. D'une démarche élégante, il s'est approché de ta caisse. Toi, t'as sorti ton speech habituel, du genre bonjour monsieur, je vous écoute. Mais tu t'es senti un peu déconcerté quand même. Alors il t'as souri. Et c'est là que t'as compris que t'avais craqué pour ce type. "Je te veux, toi." Tu te souviens parfaitement de sa phrase, de son ton séducteur, de son sourire ineffaçable. A ce moment-là, t'avais aucune idée de son nom ni de sa prestance mais au fond de toi, tu as su qu'il ne resterait pas un inconnu bien longtemps. T'as pas su quoi répondre à sa demande, t'as été troublé à mort. T'as bredouillé quelque chose d'incompréhensible, tout en devenant rouge cramoisi. Idiot. Lui, il est tout simplement passé de l'autre côté du comptoir et il t'as tout simplement kidnappé.

Pour te faire passer la meilleure journée de ta vie.

T'es tombé amoureux en un millième de seconde. Trop facile.

Amoureux d'Eden Nataraja. Amoureux d'un mec infiniment riche. Amoureux de l'impossible. ça commençait à ressembler vaguement à une histoire de prince et de roturier. Et pourtant. Et pourtant, lui n'a jamais fait la distinction. Il n'a jamais essayé de te discréditer, de te faire comprendre que tu étais d'une autre caste. Il n'a jamais essayé de se faire valoir. Certes, il t'as fait énormément de cadeaux qui valent cher, et que tu chéris précieusement pour ceux qui ne peuvent pas faner (des roses, il adore t'offrir des gros bouquets de roses encore aujourd'hui.), mais jamais pour montrer sa richesse. Tu le sais, tous les cadeaux qu'il t'offre, tout ça est parti d'une bonne intention. Il veut juste te montrer son amour. Il veut juste te rendre heureux.  

" Je ne serais heureux que si j'étais sûr que tu sois à mes côtés jusqu'à la fin. Sois mon homme, Artémis." Ce soir-là, il t'as invité à un restaurant très chic. C'était une période où Eden travaillait beaucoup et tu ne le voyais que très peu. Alors ce rencard t'avais rendu heureux et nerveux en même temps. Durant tout le repas, il n'a eu de cesse de te regarder et de te sourire, ce sourire qui t'as toujours rendu fébrile et qui fait bondir ton coeur à toute vitesse. Et puis, au moment du dessert, il a sorti une boîte et il a fait sa demande en mariage. T'as bugué complètement. T'étais loin de t'attendre à ça. T'as failli lui demander si c'était pas un peu rapide mais tu t'es retenu parce que t'as lu dans son regard, toute cette joie qu'il avait, tout cet amour qu'il possédait à ton égard. Alors t'as dit oui évidemment, t'as pleuré un peu et t'as dis oui. Même si t'as aucune idée de où ça va t'amener tout ça.

La jolie bague que tu gardes toujours à ton doigt. Tu la chéris tellement fort que quand tu as un petit coup de moue,
il te suffit de la regarder un peu pour te sentir mieux.

Voilà donc où t'en es maintenant Artémis. T'es marié à un pdg d'une grande entreprise. Tu l'aimes comme un fou même s'il se défoule sur toi. Tu l'aimeras toujours quoi qu'il fasse. Niveau taff, c'est au point mort. T'es bloqué dans ton macdo de bouseux et tu peines à t'en sortir, c'est pour ça que Eden est souvent en colère d'ailleurs. Tous les Lurantis ont réussi la vie sous les projecteurs. Tous, sauf toi. Alors parfois, tu te demandes si t'es pas un peu une anomalie familiale.
C'est peut-être ça.
Artémis l'anomalie des Lurantis.