you mess me up (saem)

s i l e n c e. ta respiration lente, posée, brise l’harmonie, la quiétude. tu papillonnes un instant, prunelles rivées sur le plafond. tu essaies de mettre de l’ordre dans tes pensées. dans tes sentiments. tu ne pensais pas que ce serait aussi compliqué, d’aimer. tu ne pensais pas que ta vie ici-bas serait aussi mouvementée. qu’elle te ferait aussi mal.

tu ne t’attendais surtout pas à ce qu’une telle situation se présente à toi.

épuisé, tu refermes les yeux, les doigts serrés sur ton portable, comme s’il pouvait te fournir la réponse à toutes les questions qui te taraudent, sans succès. tu te réveilles en sursaut au son de la sonnette. tu déglutis, te redressant sur l’un de tes coudes et jettes une œillade à l’horloge. presque vingt heures. tardif pour recevoir des visiteurs. visiteur que tu n’attendais d’ailleurs pas. tu repousses ta crinière blonde vers l’arrière, attrape le premier t-shirt qui croise ton chemin et files vers l’entrée.

tu identifies la silhouette qui se tient derrière la porte vitrée en un instant et un léger sourire se colle à ton faciès. non annoncé ainsi, tu n’avais pas de mal à faire la distinction. c’était sirrah, à coup sur. ton meilleur ami de longue date aurait envoyé un sms avant de s’aventurer sur ton perron, mais pas l’étoile. lentement, tu ouvres la porte, arquant un sourcil. tu préfères toutefois être conservateur et jouer le jeu, t’appuyant sur le cadre de la porte. « c’est pas dans tes habitudes de ne pas t’annoncer, saem. ». tu prononces son prénom un peu plus délicatement qu’à la normale, probablement parce que tu fais plus attention qu’à l’habitude. ou parce que tu adores le prononcer. tu tends une main pour attraper sa veste et le tirer à l’intérieur, refermant la porte derrière lui. tu ne le lâches pas. au contraire, ta prise se fait un peu plus ferme, et tu te rapproches, pressant tes lèvres au creux de son cou. ton petit jeu, tu ne l’auras pas joué longtemps. « je te manquais…? »

C’est inattendu, presque effrayant, de se réveiller, d’être lui-même, Sirrah, pas une simple âme emprisonnée, dans de la chaire, sous la carcasse d’os, quand il y’avait quelques mois seulement, il s’étendait à l’infinie, brillait de mille feux, maitre de sa constellation. Le jeune homme lève la main au ciel, bouge ses doigts, les replie et fait craquer son poignet. C’est toujours si étrange. Le combat est souvent dur, mais il ne se souvient pas s’être simplement réveillé ainsi. Il observe la grande horloge au mur, elle lui reflète une heure peu avancée de la soirée. Il sait que Saem s’était endormi, épuisé, après avoir travaillé sur la réparation d’un piano depuis les aurores. Saem ne semble avoir aucune idée qu’il existe, pourtant, lui est toujours conscient d’une grande partie de ses faits et gestes, bien qu’assez flou parfois.

Mais il ne pense à rien d’autre, son premier réflexe est de quitter la maison d’un pas précipité. Saem s’était endormi habillé, il s’était simplement parfumé et avait mis de l’ordre dans ses cheveux. Il longe ce chemin si connu, celui qui fait battre son cœur à toute allure parce qu’il le guidera vers l’être chéri. Il est trop impatient, il ne peut prendre le temps d’appeler Miram pour être certain qu’il serait chez lui. Il se contente d’espérer, ces moments sont assez rares et il veut en profiter. La sonnette de la porte de Miram ne connait pas de répit, jusqu’à ce que le concerné lui ouvre finalement et le brun l’accueil d’un large sourire. Il ne donne pas lieu à l’élan qu’il ressent de vouloir se blottir dans ses bras, pas tout de suite, il prend un moment pour admirer les traits de son visage, retrouver leur familiarité. Incarnation parfaite, il n’aurait pu voir Vénus vêtir une enveloppe différente. Il dévie le regard quand le prénom est prononcé, doute, Miram ne l’a pas reconnu…Mais c’était devenu son prénom aussi, Sirrah n’est plus, ce n’est qu’un souvenir, lointain. Saem est une sonorité qu’il apprécie tout autant. Il n’a pas le temps de bouger, Miram l’attire à l’intérieur, usant de cette veste qu’il n’avait pensé à prendre qu’une fois les pieds dehors, surpris par le froid. Finalement, un sourire vient s’abandonner sur ses lèvres charnues, quand un baiser se presse sur son cou. « J’ai cru…que tu m’avais pas reconnu. » soupire-t-il, sensible aux attentions du garçon. Il presse plus son dos contre le torse de Miram, s’enivre de son odeur et de sa présence, les paupières closes pour ne pas en être détourné. « Si tu me manquais ? Juste un peu. » Il rit, espiègle, et se tourne pour voler un baiser doux et chaste. « Tu faisais quoi ? » demanda-t-il plus curieux, son regard se perd dans la pièce, comme pour y trouver un indice.