sugar heart ♯ finn

ce monde va trop vite, ce monde est fou. en une seconde, combien de vies s'éteignent, combien de vies s'allument ? tu n'en sais rien, tu as peur antarès et c'est normal. tu as peur de vivre, peur de t'imposer, peur de te rendre compte qu'au final, ce n'était pas ce que tu voulais. tu ne voulais pas être humain, tu voulais juste qu'ils t'aiment. tu as choisi une bien mauvaise enveloppe pour ça, apprécié, respecté, mais jamais vraiment aimé. il détruit ce qu'il aime, maladroit petit enfant égoïste. antarès, tu sais, peut-être que le ciel ce n'était pas si mal. être ignoré, c'était mieux qu'être haït. et finalement tu aurais vécu bien plus longtemps, mourant, bien sûr, mais vivant.

traîner à l'octant n'étant pas vraiment dans tes habitudes, eden, toi, lorsqu'on te voyait sortir des clématis, c'était presque un miracle. bien sûr, il t'arrivait souvent de vouloir venir chercher artémis, mais ces derniers temps c'était compliqué, ces derniers temps tout était compliqué. alors, loin de chercher un petit fleuriste pour le couvrir de pétales comme tu avais l'habitude de le faire si souvent, tu laissais simplement tes pas te guider. n'importe où, n'importe où c'était toujours mieux que le bureau, n'importe où c'était toujours mieux que ces quatre murs et ce toit dans lequel tu te sentais étranger. tu changeais, tu devenais différent, comme si tu t'étais mis à muté et que tout le monde s'était mit à te regarder de travers. tu étais tout le temps sur les nerfs, en colères et si ça ne changeait rien à ton efficacité au travail, les rumeurs commençaient déjà à poindre. d'aucun disaient que c'était la faute d'artémis, alors que tu étais la source même de ses ennuis. et pourtant tu l'aimais, tu l'aimais comme jamais.

c'est la raison pour laquelle tu avais poussé la petite porte d'une pâtisserie sans prétention, loin des grandes enseignes que tu avais l'habitude de fréquenter, aux clématis. non, ici c'était plus familial, plus détendu, et tu avais un peu peur d'être reconnu. au fond tout le monde a polaris avait déjà vu ton visage, placardé partout sur les grands pans de bâtiments, pour un produit, ou simplement ton entreprise. beaucoup t'adoraient, beaucoup te détestaient, et finalement il n'y avait pas de juste milieu. la boutique était vide, tu en avais profité, de peur de croiser des gens, t'allais devenir timide.

── bonjour ? excusez moi, je me demandais... est-ce que vous auriez une spécialité ? ce serait pour offrir.

à mon époux, mais soudain l'angoisse te tiraille et te secoue, soudainement tu te demande si l'expression sera bien accueillie, alors tu te tais, et tu fixes l'inconnu. te voilà en territoire inconnu, étranger, hostile peut-être. et ce bourdonnement agaçant qui ne lâche pas tes oreilles, c'est antarès qui te souffle de t'en aller, tu n'as rien à faire ici, ce n'est pas ton monde, ce n'est plus ta vie.

── bien sur ! vous préfériez la spécialité de la maison ou plutôt quelque chose de personnalisé pour la personne ?

tu n'en savais trop rien, mais tu supposais que tu allais avoir simplement l'air débile à te pointer au mcdo ou à la maison avec un gâteau qui portait son prénom. et puis le pire c'est qu'à bien y réfléchir, tu n'avais aucune idée de ce qu'artémis n'aimait pas. tu savais ce qu'il aimait, bien sûr, mais il t'avait toujours semblé qu'il disait oui à tout. quelque chose en toi dû avoir un peu la puce à l'oreille que quelque chose n'allait pas. fallait croire que c'était tombé dans l'oreille d'antarès. dommage, finalement.

── c’est pour qui ?

tu n'avais même pas eu le temps de répondre qu'il t'avait déjà prit de cours et tu t'apprêtais à répondre, naturellement, que c'était pour ton mari. au fond, aux clématis tout le monde te reconnaissait et tout le monde savait, mais même si ce n'était pas forcément bien venu ou toléré, les gens te respectaient et ils n’apprenaient rien, là tu avais juste peur de te prendre une mauvaise réaction, sincèrement.

── un ami.

et puis merde.

── mon époux, en réalité.

t'avais pas à te cacher, tu te battais pour ça, tu devais avoir l'air con et si tu avais été un peu plus attentif, tu aurais entendu antarès se moquer de toi, tout bas, juste pour te mettre un peu plus mal à l'aise, et ça marchait, ça fonctionnait comme jamais. bientôt tu baissais les yeux sur la vitrine qui présentait les diverses pâtisseries, elles étaient toutes belles et appétissante, même pour toi qui ne mangeait quasi rien - pas le temps - et qui ne t'accordait pas ce genre de petits plaisirs - forcé de garder une ligne parfaite, pour ton image - du coup, forcément, choisir relevait du défi.

── je pense que vous saurez mieux me conseiller. je n'ai jamais offert de pâtisserie en vérité.

et tu lui lances un sourire tendre, poli et surtout sincère. on ne te soupçonne pas d'être aussi sincère, d'aucun disent que comme chaque chef d'entreprise tu es faux et tu préserves l'image, mais c'est facile pour  toi de sourire, un rien peu t'en donner l'envie, et l'idée de voir artémis tout heureux te comble réellement. ha quel mari tu fais.... tu ferais. si toute fois tu n'allais pas péter un câble dans la demie-heure qui suit.