we don't need to have all the answers right from the start (shinji)

« Maman ! Maman ?  Maman... ? Mamaaaan ? ». Que faisait-elle ? Pourquoi son corps ne bougeait plus ? « Tu joues à chat, maman ? ». Elle ne répondait pas et elle avait froid. Froid comme elle n'avait jamais eu froid. « Maman ? ». Des petites mains qui secouaient un corps inerte, un petit visage surpris, perdu et surtout confus. Cette blague n'était plus drôle. Le visage boudeur, le petit garçon se mit en tailleur, comme si , s'il gonflait les joues, elle allait arrêter de jouer. Mais rien ne se passait. Il soupirait, avant de sortir de la maison pour sonner chez la voisine – cette gentille voisine, qui lui donnait toujours du lait chaud, l'hiver. « Maman a froid ! ». Il attrapait le bras de la voisine, à peine la porte ouverte, pour la tirer avec lui, jusqu'à sa maison. L'adulte comprit tout de suite, en voyant la femme sur le sol, la situation, comme si cela changeait quelque chose, elle cachait les yeux de l'enfant, avec sa main. Sans plus attendre, elle l'emmena chez elle, pour lui servir un de lait chaud, au miel, comme il aimait. Calme, doux, comme d'habitude, l'enfant buvait son lait en balançant les jambes dans le vide, il avait hâte que sa mère arrête de jouer, parce qu'il s'ennuyait quand il n'allait pas au jardin avec cette si douce maman. « Tu vas rester là ce soir, d'accord ? ». Le petit jouait toujours avec ses jambes avant de regarder la dame avec des petits yeux. « Je dois aller m'occuper des fleurs avec maman, je ne peux pas rester ce soir. ». La dame se mit à pleurer et le petit garçon était de nouveau perdu. « Pourquoi tu pleures ? ». Il souriait, voulant arrêter les larmes de sa voisine, il lui tendait un bonbon, qu'il venait d'attraper au fond de sa poche. « Tiens ! Ne pleures plus tata. ». Un coup de téléphone et une petite demi-heure plus tard et des voitures avec de grandes lumières bleus étaient devant la maison. Des regards curieux du voisinage et un calme étouffant. On ne pouvait entendre que les bruits de pas pressés des hommes qui évacuaient la mère du petit garçon. L'enfant s'avançait vers le pompier, il le regardait avec de grand yeux, longuement. « Vous emmenez maman où ? Quand est-ce qu'elle revient ? On devait faire le jardin... ». L'homme, surpris regardait le petit, il s'accroupit pour être à sa hauteur. « Ta maman est devenue une étoile, une petite étoile qui veillera toujours sur toi. ». Une larme, puis deux, puis trois. Il venait, enfin, de comprendre, mais on ne pouvait pas en vouloir à un enfant de sept ans, qui a toujours été protéger, de ne pas comprendre. Mais ça y'est, il avait compris. Le décès de madame Nishizaki.

« Une femme s'est donné la mort, ce huit décembre 2002, laissant derrière elle, un enfant de sept ans, seul ». Comme un titre de journal, tout était exposé. Certaines personnes pensaient que c'était à cause du mari, qui les avait abandonnés, d'autres pensaient que l'enfant était sûrement horrible avec sa mère et d'autres enfants, de sept ans aussi, qui se moquaient déjà du petit garçon, car il n'avait pas de père, se moquaient maintenant de lui parce qu'il avait perdu sa mère. « Mon doux enfant, mon bébé. Je suis là maintenant. ». Une dame qui faisait de grands gestes, qui parlait fort venait prendre le petit garçon, chétif, dans ses bras. Elle lui ressemblait, mais ce n'était pas elle. « Tata est venue te chercher. ». Une femme qui voulait des enfants, mais qui était stérile se retrouvait avec l'enfant de sa sœur. Quelque part, c'était aussi son sang et elle l'aimerait tout autant que s'il venait d'elle, c'est ce qu'elle s'était jurée. « Quel beau prénom tu as. Ta maman et moi on ne s'était pas revue depuis longtemps, mais nous sommes une grande famille. ». Le garçon fit signe à sa gentille voisine, qui semblait un peu inquiète quand même, mais en effet, il s'agissait bien de sa tante et elle s'était portée garante pour le petit s'il arrivait quelque chose à sa mère.

Le petit garçon fêtait ses huit ans dans une ville qu'il ne connaissait pas, bien loin de son petit village, non loin d'Osaka. Polaris, un nom particulier qui sonnait bien aux oreilles du jeune garçon. En sortant de la ville, on l'emmenait dans un endroit assez étrange, un bâtiment terne, à l'intérieur, des enfants étaient déjà présents. Le garçon regardait sa tante, intrigué par ce qu'il se passait, il lui serrait un peu plus la main. « Des méchants hommes ne veulent pas croire en notre foi. Donc nos grandes églises ne sont plus en ces lieux. Mais Dieu nous aime, mon fils et ici, nous continuons à lui donner l'amour qu'il mérite en retour. ». Des chrétiens qui ne pouvaient plus vraiment exercer leur religion, depuis la guerre civile de Polaris. Le petit garçon venait déjà de tout perdre avec la mort de sa mère, il ne pouvait pas décevoir cette gentille dame qui venait lui donner un toit et qui avait le même sourire que cette dame si parfaite qu'était sa mère. Il hochait la tête avant de lui rendre son sourire. « Va te présenter aux autres enfants. ». Il souriait, quelques petits garçons et filles de son âge étaient là aussi, alors que les adultes étaient à côté. Naturellement le garçon allait se présenter. « Je m'appelle Shinji ! ». Il tendait des bonbons à ses nouveaux amis avant de commencer à jouer avec eux, en dehors de la bâtisse, dans une sorte de petit jardin. Shinji avait compris qu'il viendrait ici souvent.

Grandir, vieillir, prendre de l'âge. Le petit garçon qu'était Shinji devenait peu à peu un jeune homme. Il allait à l'école, comme tout le monde, mais contrairement au reste, le dimanche, c'était dans cette église de fortune qu'il allait recevoir des cours religieux. Shinji était un garçon calme qui écoutait ce qu'on lui disait. Le jeune japonais savait qu'il ne devait parler de rien de tout ça, parce que les méchants hommes étaient contre la religion qu'il exerçait. Cependant, cette religion n'avait pas que des avantages. Le dimanche, il ne pouvait pas sortir avec ses amis de l'école et surtout, le tabou sur certains sujets. Shinji n'était pas d'ici, il ne connaissait pas réellement l'histoire de Polaris ni pourquoi avoir une religion était quelque chose de mal. Mais aussi, il n'avait pas reçu d'éducation sur certaines choses, ce qui était parfois handicapant. Les relations plus qu'amicales, par exemple et alors ne parlons même pas d'éducation sexuelle. Tout ce qu'on lui a appris, c'est qu'un homme et une femme font un enfant. Mais ce n'était pas si grave, il avait le droit de s'occuper d'un jardin, bien plus petit que celui de sa maison, mais c'était quand même un beau jardin. Il avait des amis le dimanche et ils étaient tous très proches et partageait les mêmes valeurs. Jusqu'à ce que certains soient jugés « infréquentables ». En bon enfant, Shinji écoutait ce que sa tante lui disait. Si elle lui disait de ne pas parler à quelqu'un, il ne lui parlait pas. Après tout, c'était cette femme qui l'avait recueillit et il avait appris qu'il fallait remercier ceux qui te tendent la main. Sa façon de remercier sa tante, c'était d'être un gentil garçon, un fils qu'elle n'avait pu avoir.

À ses dix-neuf ans, le jeune homme quittait l'école pour se consacrer à sa passion des fleurs. Enfin, il allait voler de ses propres ailes, il avait trouvé un travail, pas le plus glorifiant, certes, mais c'était toujours ça. Technicien de surface dans les locaux de Toyota. Cependant, afin d'obtenir plus de moyens financiers il décida de mettre en application ses talents pour le piano dans un casino, où il y joue plusieurs soirs par semaine. Shinji avait enfin son appartement, étant payé par sa tante et son oncle, il pouvait donc enfin s'occuper d'un jardin, à lui. En mémoire de Madame Nishizaki.

To be continued...